L'Illustration, No. 3243, 22 Avril 1905


(Agrandissement)


M. Le Bargy dans le rôle de l'abbé Daniel.
UN GRANDSUCCÈS A LA COMÉDIE-FRANÇAISE: LE DUEL PAR M. HENRI LAVEDAN
(Le Duelparaîtra dans L'Illustration du 13 mai.)


COURRIER DE PARIS

JOURNAL D'UNE ÉTRANGÈRE

Je n'ai pas osé aborder encore l'exhibition de la «Nationale», au GrandPalais; après tant d'expositions de tableaux de toutes écoles et de tousformats dont ces six mois d'hiver furent remplis, j'éprouve, à la veillede ce dernier effort, un besoin de repos; je voudrais essayer d'oubliertout ce que j'ai vu et ne point m'aventurer au milieu de ces deux milletoiles avec des yeux trop fatigués... Et je suis allée, en attendant,flâner devant les quinze ou vingt cadres d'un Salon bien modeste et quin'est ouvert que pour quelques jours: c'est une exposition où desarchitectes ont réuni les esquisses d'un Palais-Royal transformé.

Faire revivre le Palais-Royal! Je vois que ce rêve hante beaucoupd'imaginations parisiennes, et je me rappelle les beaux récits, que mefaisait mon parrain, d'une époque glorieuse et que je n'ai point connue,où le Palais-Royal était un rendez-vous de «fête» parisienne etd'honnêtes distractions aussi. Ses restaurants étaient les plusfréquentés de Paris; son théâtre était celui où l'étranger et leprovincial devaient être allés rire, et cela faisait partie du rite dela Vie joyeuse. Une foule élégante affluait aux magasins des joailliersdont les étalages répandaient une splendeur de luxe, le soir, sous sesarcades illuminées; et le dimanche après midi c'était une jolie affluenceencore: celle des familles bourgeoises, des enfants dont les jeuxfaisaient un accompagnement de joie bruyante aux orchestres militairesqu'un auditoire «mondain» applaudissait. C'était le temps où «Monsieur,Madame et Bébé» fréquentaient encore les beaux jardins du centre de laville, où des projets de mariages s'ébauchaient autour du canon duPalais-Royal et sous les marronniers des Tuileries. Rendez-vous defamille... Les familles se sont dispersées dans la direction de l'Étoileet du Bois, et la mode n'est plus de venir écouter, le dimanche, lamusique militaire. On abandonne ce plaisir aux très petites gens. Et,tout doucement, le Palais-Royal s'est vidé. Ses joailliers ont pris lechemin de la rue Royale, les boutiques y sont à louer, presque toutes,et l'on n'entend plus, sous les arbres, que des piaillements de moineauxqui ignorent la mode et sont, eux, restés fidèles aux habitudes de leursparents.

Fera-t-on revivre le Palais-Royal? Je pose la question à mon parrain,qui fait une moue incrédule, évoque (avec un peu d'exagération,peut-être?) les charmes du Paris qui n'est plus, et conclut que toutcela «ne le rajeunit point».

La décoration de Mme Adelina Patti ne la rajeunira pas non plus.J'entends dire que cette cantatrice, aujourd'hui châtelaine vénérable etretirée dans le pays de Galles, enthousiasma, il y a un peu plus detrente ans, les Parisiens, et que c'est pour cela qu'on la décore. On laremercie--rien n'est plus juste--des satisfactions qu'elle a données ànos parents; et cette croix d'honneur me fait un peu penser à cellesdont je vois le gouvernement de ce pays récompenser, de temps en temps,la

...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!