Note sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées.L'orthographe d'origine a été conservée et n'a pas été harmonisée.Les numéros des pages blanches n'ont pas été repris.
Les corrections indiquées dans l'errata enfin du livre ont été incorporées dans le texte.
Le titre «Chapitre Sixième» n'existe pas dans cette édition. Aprèsle Chapitre Cinquième, le Chapitre Septième continue la narration où leChapitre précédent l'a laissée.
par
Mme GEORGE SAND.
Telle est l'épigraphe du livre que j'entreprends.
15 avril 1847.
GEORGE SAND.
TOME PREMIER.
PARIS, 1855.
LEIPZIG, CHEZ WOLFGANG GERHARD.
* * *
Pourquoi ce livre?—C'est un devoir de faire profiter les autres desa propre expérience.—Lettres d'un Voyageur.—Confessions deJ.-J. Rousseau.—Mon nom et mon âge.—Reproches à mes biographes.—AntoineDelaborde, maître Paulmier et maître Oiselier.—Affinitésmystérieuses.—Eloge des oiseaux.—Histoire d'Agatheet de Jonquille.—L'oiselier de Venise.
Je ne pense pas qu'il y avait de l'orgueil etde l'impertinence à écrire l'histoire de sa proprevie, encore moins à choisir, dans les souvenirsque cette vie a laissés en nous, ceux qui nousparaissent valoir la peine d'être conservés. Pourma part, je crois accomplir un devoir, assezpénible même, car je ne connais rien de plusmalaisé que de se définir et de se résumer enpersonne.
I p. 6L'étude du cœur humain est de telle nature,que plus on s'y absorbe, moins on y voit clair;et pour certains esprits actifs, se connaître estune étude fastidieuse et toujours incomplète.Pourtant je l'accomplirai, ce devoir; je l'ai toujourseu devant les yeux; je me suis toujourspromis de ne pas mourir sans avoir fait ce quej'ai toujours conseillé aux autres de faire poureux-mêmes: une étude sincère de ma propre natureet un examen attentif de ma propre existence.
Une insurmontable paresse (c'est la maladiedes esprits trop occupés et celle de la jeunessepar conséquent) m'a fait différer jusqu'à ce jourd'accomplir cette tâche; et, coupable peut-êtreenvers moi-même, j'ai laissé publier sur moncompte un assez grand nombre de biographiespleines d'erreurs, dans la louange comme dansle blâme. Il n'est pas jusqu'à mon nom qui nesoit une fable dans certaines de ces biographies,publiées d'abord à l'étranger et reproduites enFrance avec des modifications de fantaisie. Questionnéepar les auteurs de ces récits, appelée àdonner les renseignements qu'il me plairait defournir, j'ai poussé l'apathie jusqu'à refuser àdes personnes bienveillantes le plus simple indice.J'éprouvais, je l'avoue, un dégoût mortelà occuper le public de ma personnalité, qui n'arien de saillant, lorsque je me sentais le cœur et