Collection Cressida
EXPLOITS
d'une Fouetteuse britannique
racontés par elle-même
Traduits pour la première foisde l'anglais en français
Bibliothèque des deux Hémisphères
PARIS
Ma chère Amie,
Il y a longtemps, je le sais, que je vous aipromis de vous expliquer l'origine de ma prédilectionpour la fessée, cette passion qui est,selon moi, une des plus délicieuses et des plusvoluptueuses de la vie privée, spécialementpour une vieille fille de respectabilité aussi apparenteque votre honorable amie. Les engagementsdoivent être exécutés et les promessestenues, sans quoi, je ne pourrais guère espérervous faire tâter à nouveau de ma jolie petiteverge. Décrire, ou, plutôt, confesser mon voluptueuxtravers est pour moi une tâche trèsdéplaisante et je me sens aussi honteuse enrelatant ces choses par écrit que je le fus lapremière fois que la gouvernante de mongrand-père mit à nu mon petit postérieur empourprépour le cingler sans pitié. Je me résignetoutefois à commencer, à l'idée quec'est pour votre satisfaction que je vais travailler,et parce que, mon sujet m'échauffant,je réussirai, sans trop de peine, je l'espère,à vous décrire quelques-uns des lascifs épisodesde ma jeunesse.
Mon grand-père, comme vous le savez,d'ailleurs, était le général Sir Eyre Coote,qui se rendit célèbre dans les Indes. C'était unflagellant endurci et il n'était jamais plus heureuxque quand une bonne occasion de se servirdu martinet s'offrait à lui. Je ne puis parler,bien entendu, de tout ce qui dut, sans nuldoute, précéder mes constatations personnelles.
Le premier souvenir que j'aie de lui remonteà l'époque où il dut se retirer de la vie publiqueà la suite d'un scandale auquel il futmêlé et qui le fit tomber en disgrâce. Mes parentsmoururent tous deux alors que j'entraisdans ma treizième année, et le vieux général,qui n'avait d'autre famille, les remplaça auprèsde moi, et, à sa mort, me légua toute safortune, environ soixante-quinze mille francsde rente.
Il résidait dans une jolie maison de campagnedistante d'environ vingt milles de Londres.C'est là que je passai les premiers moisde ma vie d'orpheline en compagnie de sagouvernante, Mme Mansell et des deux servantesJane et Jemima. Le vieux général étaitalors en Hollande, recherchant, comme jel'appris plus tard, toutes les éditions originalesayant trait aux pratiques de CorneliusHadrien, ce père confesseur qui flagellait lesreligieuses en punition de leurs péchés.
Nous étions au milieu de l'été lorsqu'il revint,et, tout aussitôt, on me restreignit considérablementles libertés dont je jouissais. Défensede cueillir les fleurs ou les fruits du jardin,tous les jours une leçon sous la directiondu vieil autocrate lui-même. Ces leçons, assezsimples au début, devinrent bien vite beaucoupplus difficiles, et, maintenant que bien desannées ont passé là-dessus, il est évident pourmoi qu'il employait la tactique du loup enversl'agneau pour me mettre en défaut et posséderun grief apparent contre moi.
Ce qui me fit plaisir, à cette époque, ce futsa répugnance à me voir porter plus longtempsdes vêtements sombres. Il prétendit qu'undeuil de plusieurs mois était un témoignagede respect suffisant à la mémoire de mes parentset que je devais être habillée dorénavantcomme une jeune fille du rang que je devaisoccuper.
Bien que nous n'eussions guère de visiteurs,à part quelques vieux compagnons d'armesdu général, je fus pourvue à profusion deluxueuses toilettes, d'élégantes chaussures, dejolies pantoufles ;