Dédié au Roi
Par J. B. de Saint-Victor.
Seconde Édition,
REVUE, CORRIGÉE ET AUGMENTÉE.
TOME SECOND.—PREMIÈRE PARTIE.
Miratur molem..... Magalia quondam.
Æneid., lib. I.
PARIS,
À LA LIBRAIRIE CLASSIQUE ÉLÉMENTAIRE,
CHEZ LESAGE, RUE DU PAON, No 8.
M DCCC XXII.
TABLEAU
HISTORIQUE ET PITTORESQUE
DE PARIS.
IMPRIMERIE DE COSSON, RUE GARENCIÈRE, No 5.
(p. 1) TABLEAU
HISTORIQUE ET PITTORESQUE
DE PARIS.
Ce quartier est borné à l'orient par les rues Poissonnière et du Faubourg-Poissonnière exclusivement jusqu'aux barrières; au septentrion, par l'extrémité des faubourgs inclusivement; à l'occident, par les rues de l'Arcade et du Rocher, jusqu'à la barrière de Mouceaux; au midi, par la rue Neuve-des-Petits-Champs, la place des Victoires, et par les rues des Fossés-Montmartre et Neuve-Saint-Eustache aussi inclusivement.
On y comptoit, en 1789, soixante-dix-huit rues, trois culs-de-sac, une église paroissiale, deux chapelles, deux couvents d'hommes, deux couvents et une communauté de filles, deux places, une salle de spectacle et une bibliothèque publique.
La régence du dauphin, depuis Charles V, et le règne de Charles VI, souslesquels on éleva l'enceinte qui, du côté oriental, traversoit une petiteportion de ce quartier[1], sont mémorables par (p. 2) les grandsévénements qui se passèrent alors dans Paris.
Pour bien faire comprendre ces événements, il est nécessaire que nousrevenions encore sur les premiers temps de la monarchie, et que nousajoutions quelques traits au tableau que nous avons déjà tracé de lasituation politique des premiers Capétiens.
Nous avons fait voir, dans le volume précédent, quel fut en France legouvernement monarchique sous les deux premières races, où il continua dedemeurer tel que les barbares du Nord l'avoient apporté du sein de leursforêts; et le miracle de son existence, au milieu de tant de causes dedestruction dont il étoit comme assailli de toutes parts, n'a pu êtreexpliqué que par l'influence toujours croissante de la religionchrétienne, seul principe d'unité qui pût maintenir entre elles tant departies incohérentes d'un tout aussi mal constitué. Nous avons en mêmetemps montré que ces deux races de rois tombèrent l'une après l'autre pardes causes absolument semblables, par la foiblesse et la lâcheté de leursderniers princes; le courage et la force étant alors la premièrecondition, une condition indispensable pour acquérir un trône et pour leconserver; et l'histoire de la (p. 3) chute des enfants de Charlemagnenous a rappelé, dans toutes ses circonstances essentielles, celle des roisfrancs, descendants de Clovis...