Suppléments de ce numéro:
1º Huit pages de documents sur le RETOUR DU GÉNÉRAL STOESSEL et la FINDE PORT-ARTHUR.
2º L'Illustration théâtrale avec le texte complet de LA RETRAITE.
LE GRAND-DUC SERGE ALEXANDROVITCH
en costume de seigneur russe du temps du tsar Boris Godounof (fin duseizième siècle).
Phot. Bergamasco.
L'ILLUSTRATION THÉÂTRALE
Nous sommes heureux d'annoncer à nos lecteurs que l'Illustrationpubliera, aussitôt après leur première représentation: LE RÉVEIL, pièceen trois actes de M. Paul Hervieu, en préparation à laComédie-Française; LE DERNIER AMOUR (titre provisoire), pièce en quatreactes de M. Pierre Wolff, qui sera jouée au théâtre du Gymnase et danslaquelle Mme Réjane fera sa rentrée. Nous avons annoncé déjà lapublication prochaine de LA MASSIÈRE, de M. Jules Lemaître; LESVENTRES DORÉS, de M. Emile Fabre; L'ARMATURE, tirée par M. Brieux duroman de M. Paul Hervieu; LE DUEL et LE GOUT DU VICE, de M. Henri Lavedan; MONSIEUR PIÉGOIS, de M. Alfred Capus.
J'écoute avec curiosité ce qui se dit, à Paris, des gens et des chosesde mon pays et, parmi tant d'opinions contradictoires, mon esprits'embrouille un peu. Que dois-je penser du malheureux prince dont labombe d'un révolutionnaire fit, il y a huit jours, sauter le corps enmorceaux? C'était, écrivent les uns, le plus dangereusementréactionnaire des chefs... ennemi du peuple, opposé aux plus nécessairesréformes, il a subi le sort terrible auquel l'exposait depuis longtempsson imprudente politique; suivant la formule orientale, «il a trouvé cequ'il cherchait». A quoi d'autres répondent: «Vous vous trompez. Cehautain n'était qu'un timide et que ceux qui le condamnent n'ont pascompris. Ce «réactionnaire» ne méprisait point la liberté; mais il avaitd'autres idées que nous sur la façon dont il convient d'en faire usage.Il méritait de vivre...»
Et Stoessel, méritait-il de vaincre? Là-dessus non plus je ne sais plustrop que penser. Pendant six mois, les journaux ont vanté l'héroïsme descombattants de Port-Arthur et le génie de leur chef. Un célèbre poètefrançais, aux applaudissements de l'Académie, a chanté ce soldat; unjournal a consacré le produit d'une souscription publique, ouverte toutexprès, à faire ciseler pour lui une épée d'honneur.
Aujourd'hui, ce n'est plus qu'un vaincu qu'on discute. Sur les bateauxqui ramenaient Stoessel et sa fortune du Japon à Port-Saïd et dePort-Saïd à Odessa, maints reporters ont interrogé le général ou bienont incité ceux qui l'entouraient à des confidences; et le bruitcommence à courir que le vrai héros de ce siège fabuleux, ce ne fut paslui; que Stoessel eut des défaillances, et que sa science militaire,notamment, fut pleine de lacunes.