PAR C.F. VOLNEY,
COMTE ET PAIR DE FRANCE, MEMBRE DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE.
HONORAIRE DE LASOCIÉTÉ ASIATIQUE SÉANTE A CALCUTA.
TOME DEUXIÈME.
PARIS,
PARMANTIER, LIBRAIRE, RUE DAUPHINE.
FROMENT, LIBRAIRE, QUAI DESAUGUSTINS.
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M DCCC XXV.
OEUVRES
DE C. F. VOLNEY.
DEUXIÈME ÉDITION COMPLÈTE.
TOME VI.
IMPRIMERIE DE FIRMIN DIDOT,
RUE JACOB, N° 24.
RECHERCHES NOUVELLES
SUR
L’HISTOIRE ANCIENNE.
Chronologie des rois de Perse cités par les Orientaux modernes, sous lenom de Dynastie Pishdad et Kéan.—Époques de Zohak, de Feridoun etdu législateur Zerdoust, dit Zoroastre.
EN quel temps a vécu le législateur célèbre appelé Zoroaster par lesGrecs, et Zardast ou Zerdoust par les Orientaux? et en quels sièclesdoit-on placer les deux dynasties Pishdâd et Kéân ou Kaîan, queles Perses modernes prétendent avoir existé chez eux antérieurement oucontradictoirement aux récits des Grecs? Tels sont les deux problèmesqui vont nous occuper dans ce chapitre: examinons d’abord le premier.
Tous les historiens nous parlent de Zoroastre comme d’un législateurreligieux, beaucoup plus célèbre en Asie et presque aussi ancien queMoïse; et néanmoins, dès le premier siècle de l’ère chrétienne, l’époqueoù il vécut était devenue une question si obscure, que Pline leNaturaliste, cet homme d’une érudition si vaste, qui eut en main lesécrits de tant d’auteurs, n’osa prononcer autre chose que le doute. Dansnos temps modernes, et surtout dans les XVIe et XVIIe siècles, laréserve de Pline a été imitée par le plus grand nombre des savants, quin’ont pu concilier les dissonances chronologiques des auteurs grecs etlatins; mais ceux du XVIIIe siècle, plus hardis, se sont crus plusheureux. Les extraits d’une foule de livres orientaux ayant étéproduits, d’abord par notre d’Herbelot, en sa Bibliothèque orientale(publiée en 1697), puis par le professeur Thomas Hyde, Anglais, dans sonlivre latin de la Religion des anciens Perses, imprimé en 1700, l’oncrut avoir découvert dans l’Asie moderne une vérité historique restéeinconnue dans l’Occident. En effet, tous les livres arabes et persansque l’on cite, semblent s’accorder à placer Zoroastre vers le règne deDarius Hystaspes, roi de Perse; et néanmoins, en les pressant sur lesdates précises, on les trouve indécis et flottants entre les années 250,280 et même 300 avant Alexandre. Les critiques sont surtout choqués devoir réduire à cinq générations la série des rois de Perse, que lesmonuments les plus authentiques des Macédoniens et des Romains,attestent avoir été de treize princes; et de ne rencontrer aucunemention distincte des règnes de Xercès et de Kyrus, qui agitèrent siprofondément l’Asie. Ces objections et plusieurs autres non moins gravesque nous verron