L'Illustration, No. 0032, 7 Octobre 1843
Nº 32. Vol. II.--SAMEDI 7 OCTOBRE 1843.
Bureaux, rue de Seine, 33.
Ab. pour Paris.--3 mois. 8 fr.--6 mois, 16 fr.--Un an, 30 fr. Pris de chaque Nº, 75 c.--La collection mensuelle br., 2 fr. 75. Ab. pour les Dep.--3 mois 9 fr.--6 mois 17 fr.--Un an, 32 fr. pour l'Étranger. -- 10 -- 20 -- 10.
Révolution du Mexique. Le général Bustamante. Portrait.--Courrier deParis,--Histoire de la Semaine. Médaille de l'École Normale, par M.Bory; Messager parisien; Vue de Bahia. --Simulacre d'un combat navaldans la rade de Brest. Gravure.--Théâtres. Une Scène de Paméla Giraudet Une Scène des Bohémiens de Paris.--De Paris à Spa, par Ad. J. Vuesdu Pouhon et de la Géronstère.--Les Fêtes de Septembre, à Bruxelles.(23, 24, 25 et 26 septembre 1843). Concert dans le Parc; Concert dansl'ancienne église des Augustins.--Un Amour de province, par madameLouise Colet. (Suite et fin.)--Margherita Pusterla. Roman de M. CésarCantù. Chapitre X, le Procès. Dix Gravures. --Annonces. --Candélabresofferts à Louis-Philippe par le roi de Hollande. Gravure.--Amusementsdes Sciences. --Observations météorologiques.--Rébus.
(Voir, sur Santa-Anna, tome 1er, pages 337 et 403.)
Parmi les étrangers qui fréquentaient la table de l'hôtel des Princesdans l'automne de l'année dernière, on en remarquait un d'une tailleau-dessus de la moyenne et, droite encore, quoiqu'il eût passé soixanteans. Un je ne sais quoi dans sa tournure, le ruban de quatre couleursdifférentes qui ornait la boutonnière de sa redingote, et un certain airde commandement empreint dans toute sa personne, révélaient un officiersupérieur. Ses traits irréguliers étaient assez fortement gravés depetite vérole, mais son front haut abritait des yeux noirs et perçants;ses cheveux, que l'âge faisait grisonner sans les éclaircir, frisanténergiquement sur une tête petite et ronde, indiquaient, ainsi que sesépaules larges et carrées, une constitution pleine de vigueur; enfin, unteint hâlé et un accent méridional très-prononcé décelaient son origineespagnole.
Ce personnage, vêtu avec une extrême simplicité, aux manières affableset gracieuses, qui prenait modestement ses repas à une table commune,avait cependant été, à deux reprises différentes et pendant huit ans,investi d'un pouvoir à peu près souverain; pendant huit ans, le tambouravait battu aux champs lorsqu'il sortait de son palais, honneur que Dieuseul partageait avec lui quand le Saint-Sacrement franchissait lesportes de la cathédrale; il avait fait aux Chambres législatives, aucommencement de chaque session, de solennels discours d'ouverture, ilavait eu son conseil de ministres; en un mot, c'était presque un roidétrôné; c'était, en 1840, l'excellentissime seigneur, et en 1842, àl'hôtel de la rue de Richelieu, le général Bustamante tout simplement.
Une révolution dirigée par l'ambitieux Santa-Anna, son ennemi personnelet son antagoniste avoué, l'avait dépossédé de la présidence desÉtats-Unis mexicains, et le général Bustamante, homme d'une grandeprobité politique, d'un patriotisme plus pur et plus désintéressé quecelui de ses rivaux, cherchait à oublier dans l'étude, à Paris, non lepouvoir et les honneurs dont on l'avait privé et qu'il regrettait peu,mais les malheurs de son pays, déchiré par toutes les ambitions qui s'ycroisent