L'Illustration, No. 3670, 28 Juin 1913
Ce numéro contient:
1° Une double page hors texte en couleurs;
2° LA PETITE ILLUSTRATION, Série-Roman n° 7: Un roman de théâtre, de M.Michel Provins;
3° Un Supplément économique et financier de deux pages.
M. Pichon. Prince de Galles. M. Poincaré.
LE PRÉSIDENT DELA RÉPUBLIQUE EN ANGLETERRE M. Raymond Poincaré, reçu au débarcadère dePortsmouth par le prince de Galles, passe en revue la garde d'honneur.
Revenir. La plus mélancolique des douceurs s'allonge et s'étire en cemot, et l'acte déterminé qu'il exprime est plein d'une joie alanguie.
On revient,... voilà tout. On revient là où on est déjà si souvent etdepuis si longtemps venu, en étant sûr, absolument sûr que l'onreviendrait! On refait, une fois de plus, après tant de fois, la mêmeroute qui semble la seule! On recommence une même émotion sans secousse,aussi ancienne que récente, toujours pareille,... et toujours diverse!On ajoute à, beaucoup de passé d'hier un peu de passé de demain, onaugmente et on enrichit, avec une délicate avarice, le trésor longuementamassé de sa reconnaissance.
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Qu'ils sont rares cependant les lieux où l'on peut revenir!... quisupportent bien le retour, qui ne le tuent pas! C'est vite fait de lesénumérer, et sans avoir besoin de compter sur ses doigts, car on n'entrouve jamais dix!
Il y a celui de la, naissance, et celui du tombeau familial, et cesdeux-là bien souvent n'en font qu'un.
Il y a les lieux où s'est avancée notre enfance et que nous avonstoujours un égoïste plaisir à rechercher parce que nous nous imaginons,en nous rapprochant d'eux, reconquérir l'âge que nous avions, quand ilsnous encadraient, et rentrer ainsi, sous leurs auspices, par leur portebasse, au royaume de la jeunesse.
Et il y a les lieux que nous avons habités en aimant, qui raniment, sinous les évoquons, des délices et des souffrances auxquelles nous nousplaisons à croire qu'ils ont participé... Ces terrains d'un jour, cesdécors d'un rapide soir et d'une minute éternelle, d'un baiser qui dureencore, ces charmants endroits réservés de notre bonheur nous tententparfois, longtemps après, de loin... ou du moins nous le supposons, nousleur prêtons tous nos regrets et le réveil de nos propres désirs, nousnous figurons, parce que nous leur faisons des signes, que c'est eux quinous redemandent... Et bientôt, nous ne pouvons plus résister, nouspartons pour aller en hâte au nouveau rendez-vous qu'ils ne nous donnentpas et nous volons vers la chambre vide ou le paysage aujourd'huidésert, qui furent les témoins d'un de nos instants les plusprécieux,--avec l'illusion d'y trouver l'ombre de la personne, de l'êtreadoré dont la présence en a fait pendant quelques paroles ou pendant unsilence, et pour toute la vie, un coin de prédilection, un enclos defélicités. Presque toujours nous n'y rencontrons plus les tendresfantômes du passé. Spectres volages, ils ne retournent pas aux endroitsd'où ils se sont enfuis, et ce n'est qu'en n