«KAMERAD... PARDON!»

C'est par ce cri, en jetant leurs armes et en levant les mains ouvertes,que les soldats allemands (ici un dragon démonté) déclarent qu'ils serendent et implorent la pitié; d'autres crient: «Pas Kapout» (ne metuez pas) ou «Kaptif».
Dessin de L. Sabattier d'après une photographieinstantanée prise par un dragon français.


LE GÉNÉRAL JOFFRE

«Pour être prêts aujourd'hui, il faut avoir, par avance, orienté avecméthode, avec ténacité, toutes les ressources du pays, toutel'intelligence de ses enfants, toute leur énergie morale vers un butunique: la victoire. Il faut avoir tout organisé, tout prévu. Une foisles hostilités commencées, aucune improvisation ne sera valable. Ce quimanquera alors manquera définitivement. Et la moindre lacune peut causerun désastre.»

L'homme qui, moins d'un an avant le formidable conflit, s'exprimaitainsi, parlant à coeur ouvert à des camarades, à une assemblée depolytechniciens--une élite--était celui-là même à qui incombait lalourde tâche de préparer une guerre que sa sagesse, son discernement,croyaient, savaient inéluctable: le chef d'état-major général de l'arméefrançaise, le général Joffre. Et ainsi l'on peut se tenir pour bienassurés que, pour ce qui dépendait de lui, aucune des mesures de défenseet de salut qu'avait prévues son lucide esprit ne fut oubliée ninégligée.

Or, cet organisateur, le voici maintenant face à face avec lagigantesque tâche, la tâche quasi surhumaine qu'il avait depuislongtemps envisagée, pour laquelle il a ménagé toutes ses ressourcesintellectuelles et veillé à conserver toute sa vigueur physique: levoici général en chef des armées françaises, en présence du plusredoutable des ennemis, également fort, également préparé pour la lutteimplacable,--si sûr de lui qu'il l'a déchaînée.

D'autres diront avec autorité les qualités éminentes qu'il fallut augénéral Joffre déployer dans la première partie de la campagne, danscette savante retraite qui amena l'ennemi jusqu'aux bords témoins de sespremiers revers et du changement de front de l'équitable Fortune.Jusque-là, on a admiré son sang-froid, sa pondération, saconstance,--des vertus militaires qui évoquaient, dans les mémoiresfidèles aux vieux souvenirs classiques, la figure du sagace et froidadversaire d'Annibal, de Fabius le Temporiseur.

L'heure enfin sonne où il tient l'avantage. Il va prendre l'offensive.Alors, soudainement il se dresse dans une attitude où le retrouventmieux, plus ressemblant à lui-même, ses amis, ses fidèles, ceux qui leconnaissent et l'admirent de longue date. Avant l'action, il parle à sessoldats. Il leur dicte le devoir qui, désormais, va s'imposer à euxjusqu'à l'accomplissement de la suprême besogne, jusqu'au succèsdécisif:

«Au moment, leur dit-il, où s'engage une bataille d'où dépend le salutdu pays, il importe de rappeler à tous que le temps n'est plus deregarder en arrière; tous les efforts doivent être employés àattaquer... Une troupe qui ne peut plus avancer devra, coûte que coûte,garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que dereculer.»

--Voilà le vrai Joffre! s'écrie notre confrère Louis Latapie, attaché delongtemps à ce grand chef par la plus profonde et la plus respectueuseaffection, et qui a publié de lui, ces jours derniers, dans laLiberté, un portrait «retouché», aussi vivant, aussi crâne que tousceux qu'on en avait donnés jusqu'ici étaient impavides et figés, etautrement sédui

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