AUGUSTE NICAISE

UNE ANNÉE
AU DÉSERT

SCÈNES ET RÉCITS
DU
FAR-WEST AMÉRICAIN

CHALONS,
IMPRIMERIE DE T. MARTIN, PLACE DU MARCHÉ-AU-BLÉ

1864

UNE ANNÉE AU DÉSERT

Scènes et Récits du Far-West américain.

CHAPITRE Ier.

Le départ. — La traversée. — Episode en mer. — Un capitaineabolitioniste. — Savannah. — Leschemins de fer en Amérique. — Macon et sesenvirons. — Montgommery. — Les rives de l’Alabama. — Mobile. — Lesîles de la mer. — Une plantation de riz dans la Caroline du Sud. — L’hospitalitéd’un planteur. — Une chasse aux caïmans. — Les bords duPotomac et la baie de Chesapeake.

Le 21 janvier 1858, je m’embarquai au Havre pour les Etats-Unissur le clipper américain l’Ontario, dont le jeune capitaine WilkieFergusson était de mes amis. Je désirais toucher d’abord à Savannah,sur la côte de Géorgie, de là gagner par terre Montgommeryet Mobile, au fond du golfe du Mexique, où m’appelait depuisquelque temps un parent dont l’affection avait entouré monenfance des plus tendres soins, et que les orages politiques avaientbanni de France. L’Ontario, frêté par la riche maison de Washington,Edward Bennett and Co, devait séjourner une vingtainede jours à Savannah, faire voile ensuite pour Charlestown, dansla Caroline du Sud, et faisant escale le long des côtes de la Carolinedu Nord et de la Virginie, aller enfin à Washington dans leMaryland, déposer le reste de la cargaison qu’il amenait d’Europe.De là je devais gagner New-York par terre, visiter Newhawen etBoston dans le Massachusetts, et enfin les grands lacs canadiens.Telle devait être en quelque sorte la première partie de monvoyage ; la seconde me conduisait à Saint-Louis en Missouri, à centcinquante lieues à peine de l’immense et mystérieux Far-Westaméricain.

Depuis longtemps je désirais ardemment contempler ces redoutablessolitudes de l’Ouest, parcourues seulement par les Indiens,les trappeurs, les émigrants et les bêtes fauves ; de là gagnerl’Orégon, ensuite redescendre au Sud à San-Francisco de Californie,y étudier dans les placers cette enivrante, mais souventaride et périlleuse moisson de l’or, qui pousse depuis dix annéesvers le Sacramento des aventuriers de toutes les nations du monde.Peut-être me serait-il possible de descendre encore plus au Sud,de traverser les déserts du nouveau Mexique, ce Sahara américain,pour regagner les premiers forts du Kansas, en prenant la routeespagnole, qui côtoie les hauts contreforts de la Sierra-Madre etle Rio-del-Norte. Mais cette dernière partie du voyage était tellementsemée de privations et de périls, qu’il me restait des doutesnombreux sur la possibilité de l’accomplir, et de compléter ainsiun immense circuit de deux mille lieues environ.

L’Ontario n’emportait avec moi que trois passagers, un négociantde la Nouvelle-Orléans, et deux jeunes missionnaires catholiques,qui allaient répandre aux confins du Texas les lumières,les consolations de la religion, et commencer une vie de labeurset de dangers. Le plus âgé d’entre eux n’avait pas vingt-cinq ans.Ils partaient joyeux, pleins de zèle ; la santé faisait éclater surleurs visages de fraîches couleurs, qu’ont sans doute déjà terniesles souffrances, les veilles et l’action morbide d’une atmosphèresouvent fatale aux Européens.

Nous sortîmes du Havre, p

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