SAINTE-MARIE DU DÉSERT
PAR
ALFRED MONBRUN
Ponam in deserto viam.
LIBRAIRIE DE J. LEFORT
IMPRIMEUR ÉDITEUR
LILLE
rue Charles de Muyssart
PRÈS L’ÉGLISE NOTRE-DAMEPARIS
rue des Saints-Pères, 30
J. MOLLIE, LIBRAIRE-GÉRANT
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Un Trappiste.
AU
RÉVÉRENDISSIME PÈRE MARIE
ABBÉ DE SAINTE-MARIE DU DÉSERT
HOMMAGE DE PROFOND RESPECT
A. M.
UNE SEMAINE A LA TRAPPE
De glorieuses choses ont été dites devous, ô cité de Dieu !
Il existe un nombre considérable de descriptions surles couvents de Trappistes ; mais grand nombre, suivantmoi, sont restées fort au-dessous de la vérité[1].Je ne crois pas que l’art puisse jamais atteindre à lamajesté incomparable d’un tel sujet. La nature, sigrande, si féconde dans la sublimité terrible qu’elle arépandue au sein de la solitude, s’y montrera toujourssupérieure aux plus nobles aspirations du génie, à sesconceptions les plus hardies, les plus imprévues. L’artdemeure muet et stérile, étonné de son impuissance,au sein de ces âpres solitudes où la main du Créateura semé tant de prodiges, et l’artiste, émerveillé, s’agenouilledans une pieuse et poétique admiration enlevant ses yeux vers le ciel, où sa pensée remontevers le principe éternel de toute harmonie et de toutebeauté. Ce sont donc plutôt les étonnements d’unpèlerin au couvent de Sainte-Marie du Désert, que lesémotions d’un poëte dont je vais essayer de retracer enquelques mots les imparfaites et fugitives images.
[1] Il est juste de faire exception pour les Annales d’Aiguebelle,par un religieux de l’ordre. 2 vol. in-8o, 12 fr.
Ce ne sera point un jeu de l’esprit ni l’œuvre d’unvain caprice de l’imagination : c’est le simple maisfidèle récit d’une semaine à la Trappe. On ne lira passans édification et sans intérêt les détails d’une disciplinequi eût étonné par son austérité aux époques lesplus ferventes de l’Eglise, et qui doit étonner biendavantage au milieu d’une civilisation où dominent leluxe, la volupté, l’égoïsme et l’indifférence.
« La vie monastique date des premiers jours duchristianisme, et le divin Législateur, en jetant lesfondements de l’Eglise, jeta aussi ceux de la vie religieuse[2]Væ mundo ! s’était écrié cet Homme-Dieu ;malheur, anathème au monde, à cause de ses maximesde perversité, de ses préjugés funestes et de ses oppositionsincessantes à la pureté de son Evangile ! Et enmême temps il proclama ces paroles : « Si quelqu’unveut venir à moi, qu’il vende tous ses biens, qu’ilen distribue le prix aux pauvres, qu’il s