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le prince de bénévent
vice-grand électeur de l'empire.
(D'après Prud'hon).
En quittant une existence longtemps agitée par les illusions et lemouvement du pouvoir, je devais songer à m'en créer une qui m'offritun mélange de repos, d'intérêt et d'occupations douces. La vieintérieure seule peut remplacer toutes les chimères. Mais, à l'époquedont je parle, cette vie intérieure, douce et calme, n'existait quepour bien peu de gens. Napoléon ne permettait guère de s'y attacher;il croyait que, pour être à lui, il fallait être hors de soi. Entraînépar la rapidité des événements, par l'ambition, par l'intérêt dechaque jour; placé dans cette atmosphère de guerre et de mouvementpolitique qui planait sur l'Europe entière, chacun était empêché dejeter un regard attentif sur sa propre situation; l'existence publiquetenait trop de place dans l'esprit, pour que l'on pût réserver uneseule pensée à l'existence privée. On se trouvait chez soi en passant,parce qu'il faut prendre du repos quelque 004part; mais personnen'était préparé à faire de sa maison son séjour habituel.
Je partageais cette condition qui explique l'indifférence que chacunportait dans tous les actes de sa vie, et que je me reproche d'avoirmise dans plusieurs de la mienne. C'est alors que je cherchai à mariermon neveu, Edmond de Périgord[1]. Il était important que le choix dela femme que je lui donnerai n'éveillât pas la susceptibilité deNapoléon, qui ne voulait pas laisser échapper à sa jalouse influencela destinée d'un jeune homme qui portait un des grands noms de France.Il croyait que, quelques années auparavant, j'avais influé sur lerefus de ma nièce, la comtesse Just de Noailles[2], qu'il m'avaitdemandée pour Eugène de Beauharnais, son fils d'adoption. Quelquechoix que je voulusse faire pour mon neveu, je devais donc trouverl'