ŒUVRES
D’ANNE RADCLIFFE.
TOME III.
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Poitiers.—Imp. de F.-A. Saurin.
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Par Anne Radcliffe.
TRADUIT DE L’ANGLAIS SUR LA SECONDE EDITION.
TOME TROISIÈME.
PARIS,
LECOINTE ET POUGIN, LIBRAIRES,
QUAI DES AUGUSTINS, Nº 49.
——
1831.
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CHAPITRE PREMIER., II., II., III., IV., V., VI., VII., VIII., IX., X., XI. |
Cependant Adeline et Pierre continuèrent leur voyage sans éprouverd’accident, et débarquèrent en Savoie, où Pierre la mit sur le cheval,et marcha à côté d’elle. Quand il aperçut les montagnes de son pays, sajoie immodérée lui fit faire de fréquentes exclamations, et il demandaitsouvent à Adeline si elle avait vu de pareilles montagnes en France.«Non, non, ajoutait-il, les montagnes de ce pays-là sont assez bonnespour des montagnes françaises; mais elles n’ont rien à faire avec les{2}nôtres.» Adeline, pleine d’admiration pour la scène majestueuse dontelle était environnée, convint de la vérité de l’assertion de Pierre, cequi l’encouragea à s’étendre encore plus sur les avantages de son pays,dont il oubliait entièrement les désavantages; et, quoiqu’il donnât lesderniers sous qu’il possédait aux petits paysans qui couraient nu-piedsà côté du cheval, il ne parlait que du bonheur et du contentement de sescompatriotes.
Le village où il était né faisait à la vérité exception au reste du payset aux effets ordinaires d’un gouvernement arbitraire. Il paraissaitflorissant, sain et heureux; il était principalement redevable de cesavantages à l’activité et à l’attention du bon prêtre qui en était lecuré.
Adeline, qui commençait à sentir les effets d’une longue inquiétude etde la fatigue, désirait ardemment arriver à la fin de son voyage; et sonimpatience lui faisait faire de fréquentes questions à Pierre. Ainsiharassée, la sombre grandeur des scènes qui avaient depuis peu excité enelle des émotions sublimes, lui inspira de l