L'Illustration, No. 3657, 29 Mars 1913
Ce numéro comprend, dans ses vingt-quatre pages, une gravure entaille-douce remmargée avec feuille de garde. Il est accompagné de LAPETITE ILLUSTRATION, Série-Roman n° 3, contenant la troisième partie duroman de M. Marcel Prévost: Les Anges gardiens.
LE SERMENT DU NOUVEAU ROI DES HELLÈNES Au Parlementd'Athènes, entouré de la famille royale, du haut clergé et desministres, le vainqueur de Salonique et de Janina jure fidélité à laConstitution.--Voir l'article, page 284.
Il y a, dans nos idées et dans nos sentiments, une périodicitémerveilleuse et fatale créée par les saisons. Chacune d'elles, à époquefixe, ramène des pensées pareilles dont nous ne pouvons pas plus nousdéfendre que l'arbre de ses bourgeons. Nous ne sommes pas maîtres de lacirculation de nos sèves. Dès la fin de mars, des feuilles sont en nousqui veulent pointer et sortir. Et c'est pourquoi, tous les ans, nousnous étonnons, avec une naïveté qui jamais ne s'épuise, d'éprouver lamême impression singulière en lisant un jour sur le calendrier ces deuxbrusques syllabes: Printemps. Elles éclatent comme une coque.
Et, aussitôt, nous voilà pensifs, inquiets, tristes et gais tour à tour.Printemps... Le passé nous fait regarder en arrière. Printemps...L'avenir, au fond de ses bois, sonne du cor. Printemps... Que va-t-ilarriver? Qu'est-ce qui se prépare en nous et hors de nous? Des bonheurssont cachés qui nous guettent dans les buissons plus serrés. Il y aquelqu'un d'attendu. D'où vient ce vent frais et léger, cet air vif quiprépare et semble apporter déjà l'hirondelle? Entre les pleurs dessouriantes giboulées, le ciel montre un bleu de myosotis, et le nuageanimé court avec une hâte aimable comme pour nous dire de là-haut: «Jene fais que traverser. Je ne reste pas.» Le soleil, jusque-là si retiré,si pâle et si déteint, nous pose tout à coup des pointes de feu qui nousbrûlent, et son éclat aveuglant devient insoutenable dans le miroir desflaques de soufre laissées à terre par la récente averse. Ah! Printemps!Printemps! Que me veux-tu donc? Pourquoi reviens-tu, tout seul jeune etseul toujours pareil, seul ne bougeant pas, quand l'homme, en dépit desfausses joies, des illusions d'une minute et des ardeurs d'une secondeque tu lui rends, change et vieillit davantage à chacun de tes insolentsretours et cesse de plus en plus d'être printanier? Pourquoi luiremets-tu à l'esprit et au coeur des désirs oubliés dont il n'a plusl'orgueil, et des espoirs décevants dont tu n'es pas capable toi-même,avec toutes tes excitations, d'assurer la suite? Est-ce pour le narguer?le faire souffrir? Quel est ton but et ton calcul? Consoles-tu?Désoles-tu? Parle, allons? Explique-toi. Abats ton jeu. Dis ce quesignifient tes sautes d'humeur et de vent, tes câlineries et tesrudesses, ton âpre bise et tes tièdes rayons, tes douches de chaleur etde froid, tes précoces maturités et tes gelées soudaines, tonarc-en-ciel mal essuyé et tes aigres tempêtes... ta grâce féminine etton affreux caractère?
Car tu n'es pas du tout ce que le prétend et l'a indument établi lamolle légende; tu n'as rien de l'époque vapore