LES GRANDES AVENTURES
PAR
LOUIS BOUSSENARD
Illustré de dessins deCLÉRICE
PARIS
E. FLAMMARION, EDITEUR
26, Rue Racine, prèsl'Odéon
Tous droits réservés.
LES GRANDES AVENTURES
PAR
LOUIS BOUSSENARD
Illustré de dessins deCLÉRICE
PARIS
E. FLAMMARION, EDITEUR
26, Rue Racine, prèsl'Odéon
Tous droits réservés.
LA ROUTE DU POLE
Le congrès géographique international, tenu à Londres en 1886,avaitrassemblé, dans la capitale du Royaume-Uni, nombre d'illustrations etdenotabilités scientifiques.
De tous les points du monde civilisé, les délégués étaientaccourus àl'invitation de sir Henry C. Rawlinson, major général des armées de SaMajesté la Reine et président du congrès.
Et déjà, depuis près de deux semaines, vieux messieurs àlunettes,sédentaires endurcis, qui, du fond de leur cabinet franchissent montsetforêts, enjambent latitudes et longitudes,gèlent au cercle polaire oucuisent sous l'équateur, mais par procuration et sans quitter lebienheureux fauteuil... officiers de marine, vaillants, discrets etcorrects... professeurs érudits comme des dictionnaires... négociantset armateurs pour qui la géographie n'est pas seulement une scienceabstraite... et enfin explorateurs bronzés, fiévreux, anémiques encore,mal à l'aise sous le frac noir qui a remplacé leur épique débraillé,étourdis au milieu du va-et-vient incessant et du tumulte de la Cité...bref, tous ceux qui, de près ou même de loin, touchent à la géographie,l'aiment, l'étudient, l'enseignent, la cultivent à un titre quelconque,en vivent et trop souvent, hélas! en meurent, se trouvaient réunisquotidiennement, de deux à quatre heures, à la NationalGallery, où setenaient les assises du congrès.
De ce congrès en lui-même, rien à dire. Ni meilleur ni pireque lesprécédents et sans doute que ceux qui suivront. Chaque jour les membresarrivent avec l'implacable ponctualité de gens habitués à couper desminutes en quatre et des secondes en huit, retirent leur pardessus,apparaissent chamarrés de décorations polychromes, se saluent,s'installent, semblent prêter l'oreille aux choses palpitantes quiperdent sans doute à être nasillées par un personnage quelconque, etattendent patiemment le coup de quatre heures frappé par le marteau del'horloge monumentale.
La séance est finie. Et c'est alors seulement que l'assembléesemble sedégeler. Il y a un de ces petits brouh