DU MÊME AUTEUR
DANS LA «COLLECTION NELSON»
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LE MAL D’AIMERI volume
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Le Feu | ||
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PREMIÈRE PARTIE
DEUXIÈME PARTIE
JOURNAL DE MIREILLE
TROISIÈME PARTIE: I, II, III, IV, V, VI, VII, VIII, IX.
Première édition
du «Feu sous la Cendre»: 1920.
Droits de reproduction et de traduction
réservés pour tous pays.
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Ce qui a été.
—Mireille, tu ne prends pas de raisin? dit Mᵐᵉ Dabrovine, présentant àsa fille le compotier où les grappes blondes voisinaient avec les pêchesduvetées comme une tendre chair.
La jeune femme eut un imperceptible tressaillement de créature soudainrappelée à la réalité; et ses paupières battirent une seconde sur lesprunelles encloses dans l’iris de velours sombre, tandis qu’ellerépondait:
—Je vous demande pardon, mère. J’étais distraite par ce beau ciel decouchant.
Son regard, encore une fois, à travers les vitres de la riante salle àmanger d’hôtel, s’enfuyait vers l’horizon qui était d’or empourpré. Labrise du crépuscule y entraînait quelques nuées errantes, cernées delumière, et agitait les branches qui se découpaient en mouvantesarabesques d’ombre.
—Oui, le temps est magnifique, approuva Mᵐᵉ Dabrovine. Vraiment cepetit pays de Carantec est charmant!... Pas triste du tout... Tu as euraison, Mireille, de nous y attirer.
—Je suis ravie, mère, que votre impression soit bonne, fit la jeunefemme, tout en servant son petit garçon qui, placé près d’elle,attendait, très sage, qu’elle s’occupât de lui.
Il se distrayait à suivre, de ses yeux vifs, les allées et venues desservantes bretonnes à travers la vaste salle, bourdonnante desconversations; où, dans le clair décor des murs, bordés