LA PRÉSENTE ÉDITION
DES
ŒUVRES COMPLÈTES DE GUY DE MAUPASSANT
A ÉTÉ TIRÉE
PAR L’IMPRIMERIE NATIONALE
EN VERTU D’UNE AUTORISATION
DE M. LE GARDE DES SCEAUX
EN DATE DU 30 JANVIER 1902.
IL A ÉTÉ TIRÉ DE CETTE ÉDITION
100 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE LUXE
SAVOIR:
60 exemplaires (1 à 60) sur japon ancien.
20 exemplaires (61 à 80) sur japon impérial.
20 exemplaires (81 à 100) sur chine.
Le texte de ce volume
est conforme à celui de l’édition originale: La Main gauche
Paris, Paul Ollendorff, éditeur, 1889,
avec addition de:
L’Endormeuse—Madame Hermet (inédits).
ŒUVRES COMPLÈTES
DE
GUY DE MAUPASSANT
LA
MAIN GAUCHE
L’ENDORMEUSE
MADAME HERMET
PARIS
LOUIS CONARD, LIBRAIRE-ÉDITEUR
17, BOULEVARD DE LA MADELEINE, 17
MDCCCCX
Tous droits réservés.
Un de mes amis m’avait dit: Si tu passes par hasard aux environs deBordj-Ebbaba, pendant ton voyage en Algérie, va donc voir mon anciencamarade Auballe, qui est colon là-bas.
J’avais oublié le nom d’Auballe et le nom d’Ebbaba, et je ne songeaisguère à ce colon, quand j’arrivai chez lui, par pur hasard.
Depuis un mois je rôdais à pied par toute cette région magnifiquequi s’étend d’Alger à Cherchell, Orléansville et Tiaret. Elle est enmême temps boisée et nue, grande et intime. On rencontre, entre deuxmonts, des forêts de pins profondes en des vallées étroites 4 oùroulent des torrents en hiver. Des arbres énormes tombés sur le ravinservent de pont aux Arabes, et aussi aux lianes qui s’enroulent auxtroncs morts et les parent d’une vie nouvelle. Il y a des creux, endes plis inconnus de montagne, d’une beauté terrifiante, et des bordsde ruisselets, plats et couverts de lauriers-roses, d’une inimaginablegrâce.
Mais ce qui m’a laissé au cœur les plus chers souvenirs en cetteexcursion, ce sont les marches de l’après-midi le long des cheminsun peu boisés sur ces ondulations des côtes d’où l’on domine unimmense pays onduleux et roux depuis la mer bleuâtre jusqu’à lachaîne de l’Ouarsenis qui porte sur ses faîtes la forêt de cèdres deTeniet-el-Haad.
Ce jour-là je m’égarai. Je venais de gravir un sommet, d’où j’avaisaperçu, au-dessus d’une série de collines, la lo