LE MARTYRE DE
SAINT SEBASTIEN

MYSTERE COMPOSE EN RYTHMEFRANÇAIS PAR GABRIELED'ANNUNZIO ET JOUE APARIS SUR LA SCENE DU CHATELETLE XXII MAI MCMXI AVEC LA MUSIQUEDE CLAUDE DEBUSSY.

A PARIS
CHEZ CALMANN-LÉVY, ÉDITEURS

Il a été tiré de cet ouvrage
CINQUANTE EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE HOLLANDE
tous numérotés.

Droits de reproduction, de traduction et de représentationsréservés pour tous les pays.

Copyright, 1911, by Calmann-Lévy.

La partition de M. Claude Debussyest en vente chezMM. Durand et Cie, 4, place de la Madeleine, Paris.

A MAURICE BARRÈS

Un jour d'été, au pays des Marses, enma terre d'Abruzzes, j'écoutais sous le portaild'une église un charmeur de serpentsjouer son air magique sur un os de cerf àcinq trous qu'un ancêtre avait retrouvé,parmi des cendres, des verroteries et desorges, dans un de ces sauvages sépulcres quisont les milliaires de la route romaine.C'était le dernier descendant d'une lignée sacerdotalequi de siècle en siècle avait fournià la citerne du Sanctuaire les couleuvressacrées. Seul il connaissait le «mode»que ses aïeux lui avaient transmis avecla flûte et avec la vertu. Au son du charme,la gent reptile s'agitait dans le sac de cuiren forme d'outre, suspendu à la dureépaule marquée du signe tutélaire. Et,dans le tremblement de la splendeur et demon ressouvenir, je découvrais sur lamontagne dangereuse comme le promontoirede Circé la citadelle ruinée des roisdevins; et j'entendais le vent bruire dansles mêmes herbes que les magiciennesmarses avaient broyées pour les matronesde Rome; et je sentais refluer du fond d'unexil infini, sur les oliviers et sur les rochers,la mélancolie du despote macédonienqui mourut captif dans la forteresseardue. Et il me semblait de rentrerdans ma patrie primitive, avec une âmeplus vaste que toutes mes pensées; et lesnotes grêles de la flûte funèbre me semblaientaccompagner ce chant immorteldes morts que tant de fois vous avez écoutéà travers la plaine messine, ou dans lesouffle léger de la rivière lorraine, ou surla hauteur de Sainte-Odile entre la murailledruidique et le castel latin.

Or le linteau du portail, sur ma tête,montrait l'empreinte de l'art roman duLanguedoc. Ses rinceaux entremêlés defigurines rappelaient les chapiteaux ducloître de la Dalbade toulousaine. Des canneluresétaient creusées comme celles dessocles chartrains; des moulures étaienttraitées comme par le ciseau cistercien.La pierre noircie évoquait confusémentles conquérants de la Pouille, les maîtresd'œuvre venus avec les chevaliers deChypre, les colons français de l'Orient,tout un tumulte de puissances et de fatalitésadmirables.

Je retrouvai quelques couleurs de marêverie, plus tard, sous les voûtes impérialesde Castel del Monte; puis dans lachapelle palatine de Monreale illuminée,non par l'or des mosaïques, mais par lecœur du Saint roi; puis encore devant letombeau de la reine Isabelle à Cosenza, oùune pensée de l'Ile de France habite lefront bombé de la Vierge que la gradined'un tailleur d'images instruit à Saint-Denist

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