Au lecteur

Table des matières

ŒUVRES COMPLÈTES
DE
GUY DE MAUPASSANT


LA PRÉSENTE ÉDITION

DES

ŒUVRES COMPLÈTES DE GUY DE MAUPASSANT

A ÉTÉ TIRÉE

PAR L’IMPRIMERIE NATIONALE

EN VERTU D’UNE AUTORISATION

DE M. LE GARDE DES SCEAUX

EN DATE DU 30 JANVIER 1902.


IL A ÉTÉ TIRÉ DE CETTE ÉDITION

100 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE LUXE

SAVOIR:

60 exemplaires (1 à 60) sur japon ancien.
20 exemplaires (61 à 80) sur japon impérial.
20 exemplaires (81 à 100) sur chine.


Le texte de ce volume
est conforme à celui de l’édition originale
: Toine,
Paris, Marpon et Flammarion, éditeurs, 1885
moins
Rencontre, déjà publié dans Les Sœurs Rondoli,
et avec addition de:
L Homme-Fille.—La Moustache (Ollendorff, 1902),
Le Père Judas (inédit).


ŒUVRES COMPLÈTES

DE

GUY DE MAUPASSANT


TOINE


LE PÈRE JUDAS

PARIS

LOUIS CONARD, LIBRAIRE-ÉDITEUR

17, BOULEVARD DE LA MADELEINE, 17


MDCCCCVIII

Tous droits réservés.


1

TOINE.

I

ON le connaissait à dix lieues aux environs le père Toine, le grosToine, Toine-ma-Fine, Antoine Mâcheblé, dit Brûlot, le cabaretier deTournevent.

Il avait rendu célèbre le hameau enfoncé dans un pli du vallon quidescendait vers la mer, pauvre hameau paysan composé de dix maisonsnormandes entourées de fossés et d’arbres.

Elles étaient là, ces maisons, blotties dans ce ravin couvertd’herbe et d’ajonc, derrière la courbe qui avait fait nommer ce lieuTournevent. Elles semblaient avoir cherché un abri dans ce trou commeles oiseaux qui se cachent dans les sillons les jours d’ouragan, 2un abri contre le grand vent de mer, le vent du large, le vent dur etsalé, qui ronge et brûle comme le feu, dessèche et détruit comme lesgelées d’hiver.

Mais le hameau tout entier semblait être la propriété d’AntoineMâcheblé, dit Brûlot, qu’on appelait d’ailleurs aussi souvent Toine etToine-ma-Fine, par suite d’une locution dont il se servait sans cesse:

—Ma Fine est la première de France.

Sa Fine, c’était son cognac, bien entendu.

Depuis vingt ans il abreuvait le pays de sa Fine et de ses Brûlots, carchaque fois qu’on lui demandait:

—Qu’est-ce que j’allons bé, pé Toine?

Il répondait invariablement:

—Un brûlot, mon gendre, ça chauffe la tripe et ça nettoie la tête; y arien de meilleur pour le corps.

Il avait aussi cette coutume d’appeler tout le monde «mon gendre», bienqu’il n’eût jamais eu de fille mariée ou à marier.

Ah! oui, on le connaissait Toine Brûlot, le plus gros homme ducanton, et même de l’arrondissement. Sa peti

...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!