AVERTISSEMENT
M. Hector Malot qui a fait paraître, le 20 mai 1859,son premier roman «LES AMANTS», va donner enoctobre prochain son soixantième volume «COMPLICES»;le moment est donc venu de réunir cetteoeuvre considérable en une collection complète, qui parson format, les soins de son tirage, le choix de sonpapier, puisse prendre place dans une bibliothèque, etpar son prix modique soit accessible à toutes lesbourses, même les petites.
Pendant cette période de plus de trente années,Hector Malot a touché à toutes les questions de sontemps; sans se limiter à l'avance dans un certainnombre de sujets ou de tableaux qui l'auraient borné,il a promené le miroir du romancier sur tout ce quimérite d'être étudié, allant des petits aux grands, desheureux aux misérables, de Paris à la Province, de laFrance à l'Étranger, traversant tous les mondes, celuide la politique, du clergé, de l'armée, de la magistrature,de l'art, de la science, de l'industrie, méritantque le poète Théodore de Banville écrivit de lui «queceux qui voudraient reconstituer l'histoire intime denotre époque devraient l'étudier dans son oeuvre.
Il nous a paru utile que cette oeuvre étendue, qui vadu plus dramatique au plus aimable, tantôt douce outendre, tantôt passionnée ou justiciaire, mais toujoursforte, toujours sincère, soit expliquée, et qu'il lui soitmême ajouté une clé quand il en est besoin. C'est pourquoinous avons demandé à l'auteur d'écrire surchaque roman une notice que nous placerons à la findu volume. Quand il ne prendra pas la parole lui-même,nous remplacerons cette notice par un articlecritique sur le roman publié au moment où il a paru,et qui nous paraîtra caractériser le mieux le livre oul'auteur.
Jusqu'à l'achèvement de cette collection, un volumesera mis en vente tous les mois.
L'éditeur,
E.F.
(L'épisode qui précède Ida et Carmélita a pour titre La marquise de Lucillière.)
Tout le monde sait que la Suisse est la patrie des hôtels,qui poussent spontanément sur son sol comme les pins etles champignons; pas de village, pas de hameau, si pauvrequ'il soit, pas de site, pour peu qu'il offre une curiositéquelconque, qui n'ait son auberge, son hôtel ou sapension.
C'est ainsi qu'au hameau du Glion, au-dessus de Montreux,à une altitude de six à sept cents mètres, à lapointe d'une sorte de promontoire qui s'avance vers le laca été construit l'hôtel du Rigi-Vaudois.
La position, il est vrai, est des plus heureuses, à l'abrides chaleurs comme des froids, au milieu d'un air vif etsalubre, en face d'un merveilleux panorama.
Si l'on ne veut pas sortir, on a devant soi les sombresrochers de Meillerie, que couronnent les Alpes neigeusesde la Savoie, et, à droite et à gauche, la nappe bleue dulac, qui commence à l'embouchure du Rhône pour s'enaller vers Genève, jusqu'à ce que ses rives s'abaissent etse perdent dans un lointain confus.
Au contraire, si l'on aime la promenade, on n'a qu'unpas à faire pour se trouver immédiatement sur les pentesherbées ou boisées qui descendent des dents de Naye etde Jaman.
Deux chemins conduisent au Glion: l'un est une bonneroute de voiture qui monte du lac par des lacets tracéssur le flanc de la montagne; l'autre est un simple sentierqui grimpe à travers les pâturages et le long d'u