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RENÉ BOYLESVE

DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
LE BONHEUR A CINQ SOUS
DIXIÈME ÉDITION
PARIS
CALMANN-LÉVY, ÉDITEURS

A JEAN-LOUIS VAUDOYER

_De votre observatoire d'artillerie, mon cher ami, vous m'avez, àplusieurs reprises, affirmé que le journal qui vous apportait ces contesétait pour vous et pour certains de vos camarades une cause de détenteheureuse. D'autres lettres, reçues du front et de combattants que jen'avais pas l'honneur de connaître, ont contribué avec les vôtres à melaisser croire que notre vieille besogne littéraire, ingrate à accomplirpar le temps qui court, pouvait cependant n'être pas tout à fait vaine.C'est ce qui me donne l'audace, en un moment pareil, de réunir cesfeuilles disparates, certaines écrites avant la guerre, les autresinspirées par ses lointains échos, quelques-unes volontairementétrangères à ce grand sujet, afin de procurer aux pauvres hommes, durantcinq minutes, l'illusion qu'il en existe encore un autre.

B._

Juillet 1917.

LE BONHEUR A CINQ SOUS

Un jeune ménage rêvait à une maison de campagne.

C'était, bien entendu, un jeune ménage parisien, ou du moins digned'être ainsi qualifié, puisqu'il habitait rue Henri-Martin, dans le XVIearrondissement, un tout petit appartement, il est vrai, et bien que lajeune femme fût de Granville et le mari d'Issoudun. Mais en trois ansd'application acharnée, monsieur et madame Jérôme Jeton s'étaient faitce que l'on appelle des relations, et Jérôme Jeton se déclarait homme delettres.

Jérôme avait plus de peine à justifier sa qualité d'homme de lettres queSylvie, sa chère «associée», à se faufiler «dans le monde» ainsi qu'elledisait, et à attirer à son petit appartement quelques couples lancésdans le tourbillon de la vie élégante et même, comme elle aimait à ledire encore plus volontiers, «quelques noms connus». Et Jérôme, pour sonavenir littéraire, comptait beaucoup plus sur les efforts de Sylvie à seconstituer un milieu singeant autant que possible le monde, que sur sontalent qu'il niait lui-même carrément, dans l'intimité, car c'était untrès brave garçon.

Mais l'activité déployée par la gracieuse Granvillaise pour être uneParisienne accomplie, et par l'honnête enfant d'Issoudun pour loger detristes articles dans les feuilles, les harassait parfois l'un etl'autre; et, lorsqu'ils avaient un rare moment de répit, ils rêvaientavec une nostalgie, ardente au plaisir, lui de faire la siestel'après-midi, en bras de chemise, sous un pommier, et elle d'allerdistribuer du grain aux poules, suivie jusqu'à la grille de labasse-cour par un beau chien gambadant.

Evidemment, ils n'avaient pas le moyen de s'offrir une maison decampagne dans un lieu habitable et de conserver en même temps, si étroitfût-il, l'appartement où ils avaient adopté la tâche commune, opiniâtreet touchante, de faire connaître le nom de Jérôme Jeton. Chacun sait quele problème de vivre à Paris devient de plus en plus difficile àrésoudre et il offrait les plus grands obstacles au ménage des JérômeJeton. Sylvie le résolvait par des prodiges d'ingéniosité, sinond'économie,—car il faut à tout prix donner l'illusion d'une situationun peu supé

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