EDMOND ROSTAND
ÉDITION NOUVELLE
1887-1893
LIBRAIRIE CHARPENTIER ET FASQUELLE
EUGÈNE FASQUELLE, ÉDITEUR
11, RUE DE GRENELLE, 11
1911
Tous droits de traduction, de reproduction etd'adaptation réservés pour tous les pays.
Copyright by E. FASQUELLE, 1911.
Les Musardises, Édition nouvelle, 1887-1893,poésies | 3 | 50 |
Les Romanesques, comédie en 3 actes, en vers,43e mille | 3 | 50 |
La Princesse Lointaine, pièce en 4 actes,en vers, 44e mille | 2 | » |
La Samaritaine, évangile en 3 tableaux, en vers,42e mille | 3 | 50 |
Cyrano de Bergerac, comédie héroïque en 5 actes,en vers, 376e mille | 3 | 50 |
Pour la Grèce, poésie. | Épuisé. | |
L'Aiglon, drame en 6 actes, en vers, 271e mille | 3 | 50 |
Un Soir à Hernani, poésie | 1 | » |
Discours de réception à l'Académie Française | 1 | » |
Chantecler, pièce en 4 actes, en vers, 150e mille | 3 | 50 |
Cent exemplaires numérotés sur papier du Japon
MUSARDISE. s. f. Action de celui qui musarde.
MUSARDER, v. n. Perdre son temps à des riens.
C'est là ce que tu trouveras dans le dictionnaire, Ami Lecteur. Etlà-dessus tu n'auras pas grande estime pour un volume de vers quis'appelle «les Musardises», c'est-à-dire les bagatelles, lesenfantillages, les riens.
Mais pour peu que tu sois un lettré ayant connaissance des mots de talangue et de leur sens exact, ce titre ne sera pas pour te déplaire.Même il t'apparaîtra comme seyant bien à un recueil de poétiquesessais.
Tu sauras que «musardise»—«musardie», comme on disait au vieuxtemps,—signifie rêvasserie douce, chère flânerie, paresseusedélectation à contempler un objet ou une idée: car l'esprit musardeautant que les yeux, si ce n'est plus.
Tu sauras que, suivant certaines étymologies, «musarder» veut direavoir le museau en l'air: ce qui est bien le fait du poète; lequel,comme on sait, regarde tellement là-haut que souvent il trébuche et sejette dans des trous.
Tu sauras qu'au temps jadis les «musards» étaient de certains bateleurset jongleurs, provençaux d'origine, qui s'en allaient de par le mondeen récitant des vers.
Tu ne pourras être étonné que, sous un titre qui ne semble convenirqu'à de très légères poésies, je me sois permis quelquefois destristesses ou des mélancolies, puisqu'en langue wallonne «muzer» a poursens: être triste.
Enfin, tu comprendras tout à fait le choix que j'ai fait de ce mot, tesouvenant que le savant Huet, évêque d'Avranches, le faisait venir dulatin Musa,—qui, comme on le sait,signifie: la Muse.