VOYAGE
A
L'ILE-DE-FRANCE ;

PAR
BERNARDIN DE SAINT-PIERRE.

TOME PREMIER.

Paris.
A. HIARD, LIBRAIRE-ÉDITEUR,
RUE SAINT-JACQUES, N. 131.

1835.

IMPRIMERIE DE MOQUET ET Cie,
rue de la Harpe, n. 90.

PRÉFACE
DE LA PREMIÈRE ÉDITION.

Ces Lettres et ces Journaux ont été écrits àmes amis. A mon retour, je les ai mis en ordre etje les ai fait imprimer, afin de leur donnerune marque publique d'amitié et de reconnaissance.Aucun de ceux qui m'ont rendu quelqueservice dans mon voyage n'y a été oublié. Voilàquel a été mon premier motif.

Voici le plan que j'ai suivi. Je commence parles plantes et les animaux naturels à chaque pays.J'en décris le climat et le sol tel qu'il était sortantdes mains de la nature. Un paysage est lefond du tableau de la vie humaine.

Je passe ensuite aux caractères et aux mœursdes habitans. On trouvera, peut-être, que j'aifait une satire. Je puis protester, qu'en parlantdes hommes, j'ai dit le bien avec facilité et lemal avec indulgence.

Après avoir parlé des colons, j'entre dansquelques détails sur les végétaux et les animauxdont ils ont peuplé la colonie. L'industrie, lesarts et le commerce de ces pays sont renfermésdans l'agriculture. Il semble que cet art simpledevrait n'offrir que des mœurs aimables ; maisil s'en faut bien qu'on mène dans ces contréesune vie patriarcale. J'en excepte les Hollandais.La mort vient d'enlever M. de Tolback, gouverneurdu Cap, qui m'avait obligé. Si les lignesque je lui consacre dans ces Mémoires ne peuventplus servir à ma reconnaissance, puisse,du moins, l'exemple de sa conduite être utileà ceux qui gouvernent des Français dans l'Inde!J'aurais rendu un grand hommage à sa vertu, sije puis la faire imiter.

Ces Lettres sont accompagnées d'un Journalde Marine, d'un Voyage autour de l'Ile-de-France,des événemens particuliers de mon retour,d'une explication abrégée de quelques termesde marine, et d'entretiens contenant desobservations nouvelles sur la végétation.

Il me reste à m'excuser sur les sujets mêmesque j'ai traités, qui paraissent étrangers à monétat. J'ai écrit sur les plantes et les animaux,et je ne suis point naturaliste. L'histoire naturellen'étant point renfermée dans des bibliothèques,il m'a semblé que c'était un livre où tout le mondepouvait lire. J'ai cru y voir les caractères sensiblesd'une Providence ; et j'en ai parlé, non commed'un système qui amuse mon esprit, mais commed'un sentiment dont mon cœur est plein.

Au reste, je croirai avoir été utile aux hommes,si le faible tableau du sort des malheureuxnoirs peut leur épargner un seul coup de fouet,et si les Européens qui crient en Europe contrela tyrannie, et qui font de si beaux traités demorale, cessent d'être aux Indes des tyrans barbares.

Je croirai avoir rendu service à ma patrie, sij'empêche un seul honnête homme d'en sortir,et si je puis le déterminer à y cultiver un arpentde plus dans quelque lande abandonnée.

Pour aimer sa patrie, il faut la quitter. Je suisattaché à la mienne, quoique je n'y tienne ni parma fortune ni par mon état ; mais j'aime leslieux où, pour la première fois, j'ai vu la lumière,j'ai senti, j'ai aimé, j'ai parlé.

J'aime ce sol que tant d'étrangers adoptent,où tous les biens nécessaires abondent, et qui estpréférable aux deux Indes par sa température,par la bonté de ses végétaux et par l'industriede son peuple.

Enfin, j'aime

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