L'Illustration, No. 3668, 14 Juin 1913
Ce numéro contient:
1° LA PETITE ILLUSTRATION Série-Théâtre n° 11: Marie-Magdeleine, de M.Maurice Maeterlinck;
2° Un Supplément économique et financier de deux pages.
M. Pierre Baudin. V.-amiral Le Bris.
M. Poincaré. M. Étienne. C.-Amiral Darrieus. M. Mollard. V.-Amiral Bellue.
LE SALUT A L'ARMÉE NAVALE En rade de Toulon: lePrésident de la République, les ministres de la Guerre et de la Marine,abordant en chaloupe le croiseur «Jules-Michelet», répondent aux vivatsde l'équipage.
L'Illustration, qui vient de donner huit pièces de théâtre en septnuméros consécutifs, va commencer, dans le prochain fascicule de LaPetite Illustration (21 juin), la publication d'un roman nouveau dontle titre seul éveillera la curiosité du lecteur:
UN ROMAN DE THEATRE
par M. Michel Provins, de qui nous avons publié, il y a quelquesannées, une série de nouvelles d'une très délicate et très pénétranteobservation.
Puis--après le court intervalle nécessaire encore à l'apparition dequelques pièces de théâtre--commencera la publication du roman auqueltravaille M. Paul Bourget, de l'Académie française:
LE DÉMON DE MIDI
C'est une erreur de croire que tout le monde ait été petit. Je connais,moi, des gens à qui cette puissante faiblesse a été refusée, desmalheureux qui, du premier jour, sont entrés dans la vie comme s'ilssortaient de Polytechnique, et qui, aussitôt grands et tout formés, ontdû certainement naître avec de la barbe, un porte-monnaie et une canne.Et dans le porte-monnaie il y avait déjà quelque chose... Plaignons-lesd'avoir--en étant tout de suite «un homme» --passé par-dessus le bonheurde l'enfance.
Mais s'il vous est arrivé d'être petit, franchement petit, si vous avezeu une bonne dont vous teniez, en levant le bras, le coin du tablier, sivous êtes souvent tombé de tout votre haut, moins d'un mètre, enpoussant des cris d'aiglon fracassé, si vous avez aimé jouer, jouer parterre, en ce temps que la terre était notre voisine, à portée de nosmains, de nos yeux fureteurs et qu'elle nous faisait plaisir à voir, àtoucher, à tripoter, parce que nous ne savions pas, candides encore, quenous y serions ensevelis, et qu'en la grattant de nos petits doigts nousne faisions que de commencer nous-mêmes à creuser notre tombe... si doncvous avez été le nain aux mollets nus, occupé pour des heures au ras dusol, vous devez vous souvenir des inexprimables délices que nousreprésentait et nous procurait la maisonnette...
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La maisonnette!... c'est-à-dire le petit logis, baroque et nécessaire,dont la construction s'imposait si souvent à notre impatience, au désirde notre instinct. La maison familiale et paternelle, la maison depierre où il y avait un concierge, un escalier, du gaz et