L'ILLUSTRATION
Prix du Numéro: 75 cent.

SAMEDI 28 MARS 1891
49e Année--Nº 2509


GRASSE.--Vue du Grand-Hôtel, habité par la reined'Angleterre.


LE SÉJOUR EN FRANCE DE LA REINE D'ANGLETERRE.--Vue
générale de Grasse.-D'après des photographies de M. Giletta.



'éviterai les phrases attendues sur la semaine sainte. Je leséviterai d'autant plus qu'elle est passée et que nous voici à Pâques. Ilfaut pourtant bien noter que le printemps cette année s'est signalé parune froide grêle et que Paris s'est tout verdi de rameaux frais pendantque voltigeaient des flocons de neige.

Cette semaine, les théâtres ont donné leurs pièces d'arrière-saison,puis ont fait relâche. Mme Jane Hading joue Faustine à laPorte-Saint-Martin et on nous présente et représente la Vierge sur leThéâtre-d'Application. Plaisir sacré, paraît-il. On eût été fort malvenu, durant les jours saints, à aller écouter les petits couplets demiss Helyett, mais il a semblé décent d'aller entendre la Passion,cette Passion de M. Haraucourt qui, interprétée par Sarah Bernhardtl'an dernier, donna lieu à un beau tapage, s'il m'en souvient bien.

Est-ce que Paris aurait son petit coin d'Oberammergau là? Rien n'estplus curieux que ce goût du merveilleux et du mysticisme, cet amour dureligieux dans l'art, qui s'empare des Parisiens. Le mystère de M.Bouchor, la Nativité, que l'on a vu tout cet hiver galerie Vivienne,est, en ce sens, un véritable symptôme. On est fin de siècle, mais onse tourne vers le moment unique où s'ouvrit l'ère des siècles nouveaux.Et c'est ainsi qu'on en revient aux œuvres d'art d'une poétique naïvetéqui charmaient et qui consolaient les candeurs et les douleurs dumoyen-âge.

Oui, nous en sommes aux mystères, aux spectacles sacrés, aux drames dela foi. La Passion rue Saint-Lazare, c'est un spectacle inattendu, etje ne suis pas certain que la simple annonce ou la constatation de cefait ne fera pas se signer avec horreur quelqu'une de ces bonnes tantesdévotes que nous avons tous encore au fond de notre province.Rassurez-vous, tante Annette, les poètes ne touchent qu'avec respect àces sources d'éternelle poésie, et les marionnettes de M. Signoretdisant des vers de M. Bouchor par la bouche de M. Richepin ont ramené aubercail d'où vous n'êtes jamais sortie, ô tante Annette, plus d'ungouailleur irréductible et plus d'un boulevardier impénitent.

Et, pendant ces jours fériés qui donnent à nos collégiens l'illusion desgrandes vacances, les Chambres sont parties, députés et sénateursprennent un repos bien gagné.

Pourtant la politique ne chôme pas. Elle ne chôme jamais, la politique.Elle s'est affirmée à propos d'un banquet présidé par M. Jules Ferry àl'Elysée-Montmartre.

M. Jules Ferry rentre en scène décidément, et je remarque avec unétonnement facilement calmé que chaque fois que M. Ferry parle ou écrit,il arrive de mauvaises nouvelles du Tonkin.

--Vous savez, me disait il y a trois mois un ami, que Jules Ferry estélu sénateur?

--Je le sais et je vous parie qu'il va nous arriver de mauvaisesnouvelles du Tonkin.

--Pourquoi donc?

--Parce que c'est ainsi. Dès que Ferr

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