Au lecteur

ŒUVRES COMPLÈTES
DE
GUY DE MAUPASSANT


LA PRÉSENTE ÉDITION

DES

ŒUVRES COMPLÈTES DE GUY DE MAUPASSANT

A ÉTÉ TIRÉE

PAR L’IMPRIMERIE NATIONALE

EN VERTU D’UNE AUTORISATION

DE M. LE GARDE DES SCEAUX

EN DATE DU 30 JANVIER 1902.


IL A ÉTÉ TIRÉ DE CETTE ÉDITION

100 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE LUXE

SAVOIR:

60 exemplaires (1 à 60) sur japon ancien.
20 exemplaires (61 à 80) sur japon impérial.
20 exemplaires (81 à 100) sur chine.


Le texte de ce volume
est conforme à celui de l’édition originale:
Bel-Ami
Paris, Victor Havard, éditeur, 1885.


ŒUVRES COMPLÈTES

DE

GUY DE MAUPASSANT


BEL-AMI



PARIS

LOUIS CONARD, LIBRAIRE-ÉDITEUR

17, BOULEVARD DE LA MADELEINE, 17


MDCCCCX

Tous droits réservés.


BEL-AMI.


PREMIÈRE PARTIE.

I

QUAND la caissière lui eut rendu la monnaie de sa pièce de cent sous,Georges Duroy sortit du restaurant.

Comme il portait beau, par nature et par pose d’ancien sous-officier,il cambra sa taille, frisa sa moustache d’un geste militaire etfamilier, et jeta sur les dîneurs attardés un regard rapide etcirculaire, un de ces regards de joli garçon, qui s’étendent comme descoups d’épervier.

Les femmes avaient levé la tête vers lui, trois petites ouvrières, unemaîtresse de musique entre deux âges, mal peignée, négligée, coifféed’un chapeau toujours poussiéreux et 2 vêtue d’une robe toujoursde travers, et deux bourgeoises avec leurs maris, habituées de cettegargote à prix fixe.

Lorsqu’il fut sur le trottoir, il demeura un instant immobile,se demandant ce qu’il allait faire. On était au 28 juin, il luirestait juste en poche trois francs quarante pour finir le mois.Cela représentait deux dîners sans déjeuners, ou deux déjeunerssans dîners, au choix. Il réfléchit que les repas du matin étant devingt-deux sous, au lieu de trente que coûtaient ceux du soir, il luiresterait, en se contentant des déjeuners, un franc vingt centimesde boni, ce qui représentait encore deux collations au pain et ausaucisson, plus deux bocks sur le boulevard. C’était là sa grandedépense et son grand plaisir des nuits; et il se mit à descendre la rueNotre-Dame-de-Lorette.

Il marchait ainsi qu’au temps où il portait l’uniforme des hussards,la poitrine bombée, les jambes un peu entr’ouvertes comme s’il venaitde descendre de cheval; et il avançait brutalement dans la rue pleinede monde, heurtant les épaules, poussant les gens pour ne point sedéranger de sa route. Il inclinait légèrement sur l’oreille son chapeauà haute forme assez défraîchi, et battait le pavé de son talon. Ilavait l’air de toujours défier ...

BU KİTABI OKUMAK İÇİN ÜYE OLUN VEYA GİRİŞ YAPIN!


Sitemize Üyelik ÜCRETSİZDİR!