L'Illustration, No. 3661, 26 Avril 1913
Ce numéro contient:
1º LA PETITE ILLUSTRATION. Série-Roman n° 5: Les Anges gardiens, parM. Marcel Prévost;
2° Un Supplément économique et financier de deux pages.
ISADORA DUNCAN ET SES DEUX ENFANTS, DOODIE ET PATRICK
Photographiés au mois de janvier, par Otto.--Voir l'article, page384.
Le prochain numéro de L'Illustration, portant la date du 3 mai, serapresque entièrement consacré aux Salons de peinture de la Société desArtistes Français et de la Société Nationale des Beaux-Arts. Ilcomprendra de nombreuses pages en couleurs et en taille-douce.
La Petite Illustration accompagnant ce numéro contiendra le textecomplet des ÉCLAIREUSES, de M. Maurice Donnay, de l'Académiefrançaise.
La semaine suivante paraîtra la pièce de M. Alfred Capus: HÉLÈNEARDOUIN.
Cela ne veut pas dire les bonnes.
Les santés que j'appelle «les grandes» sont au contraire, par une espècede loi saisissante et fatale, presque toujours petites, fragiles etcapricieuses. Les grandes santés, ce sont les santés importantes,celles des gens considérables, des hommes et des femmes célèbres quel'on ne connaît le plus souvent que de nom et sans les avoir jamais vus,mais qui intéressent autant et plus même que si on les connaissaitpersonnellement, parce qu'ils sont haut placés, ou fameux,--à quelquetitre que ce soit. La caractéristique de ces santés est qu'elles nes'appartiennent pas, ne sont pas libres d'être solides ou précaires sansqu'on le sache. Leur destin les condamne à nourrir l'attention publique.Au plus léger accroc, à la moindre alerte, elles occupent aussitôt lemonde.
Au sommet de ces santés capitales, il convient de mettre avec vénérationcelle du Pape. La santé du Souverain Pontife est la plus populaire. Dèsqu'elle subit une atteinte, la foule innombrable des fidèles de tous lespays s'inquiète et s'émeut. Chacun, selon les moyens de son imagination,se représente l'auguste vieillard, le méditatif prisonnier du Vatican,retenu dans le fond de sa chambre silencieuse et solennelle, où nepénètrent que ses parents, ses valets de chambre, ses médecins, et lescardinaux. Par la pensée on le voit sur son petit lit, maigre, plusblanc que les blancheurs dont il est revêtu, les yeux déjà fermés par lepouce de saint Pierre. Il bouge à peine, accablé de lassitude morale etharassé de responsabilités, ne faisant rien pour retenir cette précieusevie que tous les autres hommes s'efforcent de garder, cette vie lourdeet impitoyable qui s'attache à lui et semble ne pas vouloir le lâcher,exprès, comme si elle savait qu'il en a fait d'avance le sacrifice, etqu'il souffre davantage à l'endurer qu'à la perdre. La santé du Pape!Ah! la commotion prolongée que donnent ces mots aux millions d'âmescroyantes, aux esprits simples et purs, aux cours religieux! Avez-vousjamais songé en effet à tous les couvents, à tous les cloîtres, à tousles sanctuaires, à tous les asiles, à toutes les