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SELMA LAGERLÖF

LAURÉAT DU PRIX NOBEL

LE

LIVRE DES LÉGENDES

NOUVELLES TRADUITES DU SUÉDOIS

AVEC L'AUTORISATION DE L'AUTEUR
PAR

FRITIOF PALMÉR

PARIS

LIBRAIRIE ACADÉMIQUE

PERRIN ET Cie, LIBRAIRES-ÉDITEURS

35, QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS, 35
1910

TABLE DES MATIÈRES

La Légende d'une dette,
racontée au banquet Nobel,
le 10 décembre 1909

La fille du Grand-Marais
La Mine d'Argent
La Légende de la Rose de Noël
La Marche nuptiale
Le Joueur de violon
Une Légende de Jérusalem
Pourquoi le Pape devint si vieux
Le Ballon





LA LÉGENDE D'UNE DETTE,
RACONTÉE AU BANQUET NOBEL,
LE 10 DÉCEMBRE 1909

C'était il y a quelques jours. J'étais dans le train, en route pourStockholm. Le jour baissait. Déjà on ne voyait plus clair dans lecompartiment. Mes compagnons de voyage bavardaient, chacun dans soncoin, mais moi je restais silencieuse à écouter le bruit du trains'élançant sur les rails.

Tout en écoutant je me remémorais les occasions diverses danslesquelles j'avais pris le train pour Stockholm. Dans la plupart descas, ç'avait été pour une raison désagréable. Je m'y étais renduepour passer des examens, ou encore, avec des manuscrits, pour chercherun éditeur; cette fois-ci, j'y allais pour recevoir le prix Nobel. Jen'étais pas loin de trouver que cela manquait d'agrément, cela aussi.

L'automne entier j'avais vécu là-bas, chez moi, en Vermland, dans laplus grande solitude, et maintenant j'allais être forcée de paraîtreau milieu d'une foule de gens. C'était comme si là-bas, dans monisolement, j'avais pris peur de la vie et des êtres humains et jeressentais une véritable angoisse à l'idée d'être de nouveauobligée de me montrer dans le monde. Mais au fond j'éprouvaisévidemment un bonheur immense à aller recevoir le prix, et j'essayaisde chasser mon angoisse en pensant à ceux qui se réjouiraient de monbonheur. C'était une foule de vieux amis, c'étaient les miens,c'était surtout et avant tout ma vieille mère que j'avais laisséeseule à la maison, toute joyeuse d'avoir assez vécu pour assister àce grand événement.

Du même coup le souvenir de mon père me traversa l'esprit: jeressentais un regret douloureux de le savoir mort et de ne pas pouvoirlui raconter que j'avais eu le prix Nobel. Je savais que personne aumonde n'eût pu s'en réjouir autant que lui. Jamais je n'avaisrencontré un être humain animé d'un tel amour, d'un tel respectenvers la poésie et les poètes. S'il avait pu apprendre quel'Académie suédoise venait de m'attribuer un grand prix depoésie!—C'était un vrai malheur de ne pas pouvoir le lui raconter!

Quiconque a voyagé en chemin de fer, par la nuit obscure, sait qu'ilarrive souvent que de longues minutes durant les wagons glissent sur lesrails d'une façon singulièrement douce, sans la moindre secousse. Leb

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