Au lecteur:
Voir les Note de Transcription et Table des Matières en fin de livre.
CHRONIQUE
DU CRIME
ET
DE L'INNOCENCE.
IMPRIMERIE DE MOQUET ET Cie,
rue de la Harpe, n. 90.
Recueil des Événemens les plus tragiques; Empoisonnemens, Assassinats, Massacres, Parricides, et autres forfaits, commis en France, depuis le commencement de la monarchie jusqu'à nos jours, disposés dans l'ordre chronologique, et extraits des anciennes Chroniques de l'Histoire générale de France, de l'Histoire particulière de chaque province, des différentes Collections des Causes célèbres, de la Gazette des Tribunaux, et autres feuilles judiciaires.
Par J.-B. J. CHAMPAGNAC.
Tout ce qui me fait peur m'amuse au dernier point.
C. Delavigne, École des Vieillards.
Tome Huitième.
Paris.
CHEZ MÉNARD, LIBRAIRE,
PLACE SORBONNE, No 3.
1833.
CHRONIQUE
DU CRIME
ET
DE L'INNOCENCE.
Ulbach, après avoir perdu sa mère à l'âgede douze ans, après avoir passé quelquetemps à l'hospice des Orphelins à Paris, aprèsavoir été condamné, comme vagabond, à resterpendant dix-huit mois dans une maisonde correction, était entré au service du sieurAury, marchand de vins traiteur aux Nouveaux-Deux-Moulins.
Là, il avait eu occasion de connaître une[Pg 2]jeune fille d'environ dix-neuf ans, qui étaitdomestique chez la veuve Detrouville, rentière,demeurant avenue et commune d'Ivry.Cette fille, nommée Aimée Millot, venait, plusieursfois par semaine, apporter des œufschez le sieur Aury, et gardait habituellementdes chèvres sur le boulevard extérieur, du côtéde sa maison. Ulbach avait conçu pour elleune passion violente; et ils avaient de fréquentesentrevues.
Mais au mois de janvier 1827, la veuveDetrouville s'étant aperçue de cette intrigue,fit de sages représentations à la jeune Millot,en lui signifiant qu'elle ne la garderait paschez elle, si elle ne rompait toute relationavec Ulbach. Aimée promit à sa maîtresse delui obéir, et s'engagea même à rendre à Ulbachplusieurs petits cadeaux qu'elle avaitreçus de lui. Fidèle à sa promesse, elle déclaraà ce jeune homme qu'il fallait absolumentqu'ils cessassent de se voir.
Ulbach était naturellement jaloux; cettedéclaration de celle qu'il aimait ne fit qu'exciterdavantage encore sa jalousie. Il refusa deprendre les objets qu'Aimée voulait lui restituer.Son humeur devint triste et sombre;...